Le Clip se propose d’instituer un rapport à l’habitat fondé sur la propriété d’usage.
De manière générale, la propriété d’usage caractérise l’attachement d’une personne à un bien, reconnu par un collectif sur la base d’un usage et non de la détention d’un titre de propriété. Quand ce type d’attachements se défait, le collectif veille à ce que le bien ne devienne pas une marchandise et se charge du transfert de l’usage selon les règles qu’il s’est fixées. La propriété d’usage peut être mise en œuvre légalement par un montage juridique.
Dans ce cadre, le Clip est une association fédérant différents projets immobiliers collectifs d’habitation ou d’activité. Ces projets ont en commun d’essayer de se détacher de la dépendance à l’argent et au travail. La propriété d’usage fait partie des moyens d’y arriver. Concrètement, elle consiste à attribuer à un collectif de large étendue (le Clip) un droit de véto sur la revente d’un lieu qu’on peut alors considéré comme sorti du marché. Les personnes occupant le lieu restent libres d’en organiser les usages.
Le Clip et son montage juridique ont été adaptés d’une initiative allemande similaire et bien plus ancienne, le Mietshäuser Syndikat. Sans rentrer ici dans les détails, son fonctionnement est le suivant : les futures occupantes d’un lieu se constituent en association, dite « habitante ». Celle-ci fonde et devient membre d’une deuxième structure associative, dite « propriétaire ». Le Clip est le deuxième membre (et il n’y en a pas d’autres) de cette structure propriétaire qui achète le lieu convoité. Les occupantes ne détiennent aucun titre de propriété en personne, elles sont locataires de la structure propriétaire.
Sur le plan financier, la structure propriétaire emprunte de l’argent pour acheter le bien immobilier. Cet emprunt est remboursé par les loyers, qui permettent par ailleurs de financer un fonds solidaire d’aide à la création d’autres projets Clip. L’argent ne transite jamais par le Clip, ce sont les projets qui s’entraident directement.